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Les guerres précieuses / Perrine Tripier.- Gallimard
Quelle histoire fascinante que celle de cette vieille fille Isadora qui, depuis son EHPAD, se remémore son enfance dans la maison de famille où elle était revenue vivre adulte ! Construit autour des saisons et du temps qui passe inexorablement, le roman, de par son écriture touffue et ses descriptions qui s’étirent à l’infini, nous enferme dans cette maison et ses souvenirs à tel point que l’âme du lieu en devient presque palpable.
La roue fulgurante / Jean de la Hire
Adolphe d’Espie dit Jean de la Hire fût un feuilletoniste très apprécié au début du 20ème siècle en France. Il fût notamment le créateur du Nyctalope, Leo de Saint Clair le premier super-héros de l’histoire, l’homme qui voit la nuit ! Et tant pis si l’écrivain fut un personnage sulfureux et collabo, ne gâchons pas notre plaisir de relire ses étonnants romans de science- fiction dont cette Roue fulgurante qui nous transporte sur la planète Mercure avec cinq humains aspirés depuis la Terre dans un monde étrange peuplée de monopèdes terrifiants. Jouissif souvent, visionnaire parfois, je le recommande fortement à tout amateur de roman populaire.
Daniel Deronda / George Eliot
Romancière de l’époque victorienne, George Eliot écrit avec Daniel Derronda sa dernière oeuvre. Moins connue que son chef-d’œuvre « Middlemarch » elle n’en reste pas moins une plongée fascinante dans l’Angleterre rurale de l’époque le tout sur fond d’antisémitisme naissant. En effet, le personnage principal Daniel, pupille de Sir Hugo, un gentleman de campagne est l’amoureux éconduit de la riche et arrogante Gwendolen. Tout en évoluant dans un milieu bourgeois rural Daniel va découvrir, en sauvant de la noyade une belle jeune fille Myra, le milieu juif de Londres ainsi que le secret de ses origines. Deux récits croisés qui permettent à l’écrivaine de faire une peinture mordante de la bourgeoisie anglaise mais aussi et surtout d’explorer le sionisme ce qui, avec le temps, nous éclaire largement sur les enjeux de notre époque moderne.
La ferme africaine / Karen Blixen
Encore un classique qui trainait sur ma table de chevet depuis des années. Je l’ai enfin lu et redécouvert la véritable aventure de Karen Blixen en Afrique l’inspiratrice du film « Out of Africa ». L’histoire d’une femme divorcée qui gère seule une ferme près de Nairobi dans les années 20, chasse le lion dans les monts Ngong avec les masaï et les kikuyus tout en écrivant des nouvelles la nuit. Le récit de la période africaine de Karen Blixen, honorable baronne danoise est une incroyable épopée mais ce qui frappe tout autant c’est la beauté des mots et son art de la description. Une héroïne et une écrivaine d’une trempe unique qui ferait passer Hemingway pour un aventurier du dimanche.
Mi amigo / W.R Burnett
Mi amigo est un western qui s’inspire de Billy the Kid à travers le personnage de Bud, un jeune bandit blessé trouvé comme un petit chat dans des ronces au milieu du désert par le très sérieux Sergent Desporte. Ce dernier va se prendre d’affection pour le gamin et en fera son protégé malgré la suspicion de son entourage. Burnett nous offre ici un récit très ramassé à l’écriture elliptique d’une finesse psychologique rare sur le thème de l’amitié et de la complexité des relations humaines. Les descriptions de l’Ouest sauvage sont éblouissantes, la galerie de personnages qui défilent offre au lecteur des points de vue différenciés qui défient tout manichéisme. Mais pourquoi personne n’a jamais eu l’idée d’en faire un film ?
Les feuilles mortes / Aki Kaurismaki, 2023
Avec les feuilles mortes, le réalisateur finlandais nous offre une ballade romantique douce-amère entre critique sociale et poésie formelle. Voici donc une histoire d’amour entre un ouvrier alcoolique et une jeune femme au chômage dans un quartier pauvre d’Helsinki sur fond de karaoké finlandais. Les scènes au bistrot valent leur pesant d’or ! Et puis je crois que comme beaucoup de monde, j’ai été fasciné par la bande originale du film et par ce génial duo d’électro-pop décalée qu’est Maustetytöt !
Les yeux de la nuit / John Farrow ; Paramount, 1948
John Triton est un voyant de spectacles de cabaret. Il est traversé de visions très étranges qui se révèlent exactes. Un jour il a la vision de la mort en couche de Jenny, sa partenaire à la scène et fiancée à la ville. Vingt ans plus tard il tombe nez à nez avec la fille orpheline de celle-ci. Tirée par les cheveux, cette histoire abracadabrante est sauvée par le talent d’un réalisateur souvent mésestimé : John Farrow. Les yeux noyés par l’angoisse de la délicate Gail Russel, une photographie expressionniste ainsi qu’un mystère qui nous mène aux confins du fantastique confèrent à ce film une aura particulière dans l’esprit des films de Jacques Tourneur.
La cité de la violence / Sergio Sollima, Unidis, 1970
Un western urbain délirant avec Charles Bronson en tueur solitaire mutique. Quand ça commence par une course de bagnoles et que ça finit par un règlement de compte sur la bande son d’Ennio Morricone, n’en jetez-plus, on a là un des meilleurs films d’action de ce début des années 70, avec tous les ingrédients qui en font l’archétype : une belle fille, des cylindrées tout aussi canons et des méchants internationaux dont notre célèbre rouquin, Michel Constantin. L’esprit de Bullit flotte sur le film n’en doutez pas !
The celluloïd closet / Rop Epstein, Channel 4, 1995
Ce documentaire édifiant retrace l’histoire de l’homosexualité au cinéma des origines à la fin du 20ème siècle. Depuis Méliès et son couple d’hommes en train de danser en passant par les films très suggestifs du pré-code jusqu’à la violence des films américains des 80’s, comment la figure de l’homosexuel a été montré au cinéma pendant des décennies et comment cette image a influencé le spectateur. Passionnant, instructif, le film est une mine d’informations sur la façon dont les personnages queer étaient interprétés et nous donne à relire l’image cinématographique avec un regard neuf.
The Celluloid closet est disponible sur Tenk pendant 37 jours
« Folia » de Mourad Merzouki, chorégraphe avec le Concert de l’Hostel Dieu. 2018
Quand la danse hip hop se mêle aux tarentelles italiennes et autres folies baroque du Concert de l’Hostel Dieu, nous assistons à un ballet étourdissant, sorte de transe qui mêle chant ancien et danse contemporaine. Un mélange des genres étourdissant dans le décor grandiose des tapisseries du Chant du Monde de Jean Lurçat à Angers. Ce spectacle chorégraphique a été présenté à Limoges dans le cadre du festival 1001 Notes.
Kanis & Lou
Un duo parisien spécialisé dans le swing hawaïen. Leur reprise de Taboo déjà pourtant rapiécée des milliards de fois est plus que séduisante. Si ça vous plaît, ils jouent aussi en médiathèque !
Lucky Pepper
Groupe périgourdin qui joue du blues dans l’esprit de La Louisiane. Nul doute que le merveilleux festival MNOP de Périgueux y est pour quelque chose !
Lowland brothers
Le groupe de Nico Duportal mêle blues, rock et americana, c’est toujours très léché et d’une classe folle.
Nemanja Radulovic & Double Sens
le violoniste virtuose est passé en juillet à Limoges pour le plus grand plaisir des mélomanes. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de l’écouter, on peut se consoler avec ce medley filmé dans la rue en hommage au violoniste serbe Aleksandar Sisic.
Lalo Schiffrin
Le compositeur disparu cette année, laisse une œuvre discographique monumentale avec, entre autres chefs d’œuvres, la bande son de Bullitt que l’on rêverait d’écouter à fond sur la route des vacances dans une Ford Mustang de 1968.