Dans son petit bourg aux confins de l’Ohio, Hank, trentenaire, comptable, mène une existence paisible.

 

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Avec Sarah, ils attendent leur premier enfant et louent une maison modeste dans un quartier modeste en attendant des jours meilleurs. Il est celui de la famille qui a réussi. Jacob, son frère aîné, obèse, alcoolique, célibataire, chômeur traîne sa misère et ressasse son bonheur perdu depuis le suicide de leurs parents à cause des dettes qui leur ont fait perdre leur ferme. Un jour, accompagnés de Lou, le copain un rien débile de Jacob, ils ont un accident de voiture sur une route enneigée. A la poursuite de leur chien, ils s’enfoncent dans la forêt. Dans une clairière, ils tombent sur la carcasse d’un avion de tourisme. Dans l’engin, le pilote est mort apparemment depuis des semaines. A ses pieds, un sac. Dans le sac, quatre millions en coupures de cent dollars. Les trois compères décident de s’emparer du butin et de commencer à le dépenser six mois plus tard, quand ils seront certains que la police n’est pas sur la trace de l’argent.

Le plan est simple, n’est-il pas ? Sur le papier, sans aucun doute. C’est sans compter sur tout ce qui fait la petitesse de l’âme humaine. Car, au lieu de se créer un avenir de luxe, calme et volupté, Hank, narrateur principal, s’enfonce dans un présent de sang, de larmes et de coups bas qui va l’entraîner dans un puits sans fond d’emmerdes. Affublé des deux bras cassés que sont Jacob et Lou, il n’aura de cesse de réparer les bourdes de ses complices. Les lourdauds parlent trop, enchaînent les âneries, se montrent parano, agressifs et se mettent à dilapider cet argent qui n’est pas encore le leur. Il serait trop long de s’appesantir sur toutes les péripéties qui émaillent le récit mais force est de constater que Scott Smith s’y entend pour inventer toutes sortes de catastrophes se mettant sur la route de la fortune. Dans un humour aussi noir que le paysage de l’Ohio est blanc comme neige, l’auteur accable ses héros, devenus des bêtes uniquement animées par l’appât du gain. Tous les coups sont permis, les pires se succédant à un rythme soutenu. On ressent peu d’empathie pour ces pieds nickelés du grand banditisme, incapables de faire face à l’adversité, si ce n’est en trouvant des solutions de plus en plus meurtrières, arrangeant leur conscience de fautes de plus en plus lourdes. Hank, qui est censé être le personnage responsable du récit, perd tout sens commun. Obnubilé par le trésor caché sous son lit, il devient acariâtre avec sa femme, et même la naissance de sa fille s’avère impuissante à lui faire oublier son obsession. 

Dans un déferlement d’amoralité, la fin atteint un paroxysme de cynisme, au dépend des protagonistes qui nous laisse le sourire aux lèvres et la conviction que bien mal acquis ne profite jamais. A moins de savoir bien s’entourer ?

Marianne Peyronnet