En 1992, lorsque la guerre éclate en Bosnie, Teodor Céric, Un étudiant en lettre de 22 ans, quitte la Serbie.

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

Pendant sept ans, il va voyager un peu partout en Europe et trouver à s’employer pour vivre.

Un jour à Londres, il voit le film « The garden » de Derek Jarman, et découvre Prospect Cottage, le jardin du cinéaste. C’est le début d’un périple qui le mènera de Monte Caprino au jardin de Samuel Beckett, du parc paysager de Painshill au jardin d’hiver d’Odile en Autriche. Durant ces années Céric voyage et travaille comme jardinier, puis il rentre chez lui, écrit un recueil de poèmes remarqué par la critique, et, invoquant la paresse, annonce qu’il va arrêter d’écrire pour s’occuper de son propre jardin. Ici intervient le préfacier, qui va convaincre non sans mal Teodor Céric de livrer quelques textes pour la revue Jardins dont il est le directeur. La livraison sera suffisamment brillante pour justifier la publication du recueil ici commenté.

Voilà, tout ce que vous venez de lire est vraisemblablement faux, Marco Martella, le préfacier et traducteur, étant coutumier de l’emploi d’hétéronymes, à qui il prête vie et biographie le temps d’un ouvrage, pour distiller sa prose. En revanche, les jardins décrits existent bel et bien, une partie en tout cas. On pense en particulier à Prospect cottage, le jardin que Derek Jarman créa avant de mourir du sida, un jardin désolé, érigé avec les galets, ferrailles et bois flottés trouvés sur place, ouvert à tous vents, dressé en manière de résistance face à la centrale nucléaire de Dungeness, qui devint un refuge et une raison de vivre pour le cinéaste, auquel le très beau texte de Céric/Martella rend hommage.

Et c’est bien cette idée du jardin comme refuge, autant que comme acte de résistance à la barbarie, sous ses formes les plus triviales, qui traverse ce très beau livre, magnifiant cet espace hors du temps et des contingences que représente le jardin. Un monde parmi le monde, qui survit dans une douceur d’automne, baigné par la nostalgie d’un éden.

Lionel Bussière