Une bonne hibernation, ça se prépare.

 

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En prévision des mauvais jours, on aura donc soin d’aérer ses édredons, de regonfler ses oreillers et d’apprêter une provision suffisante de viandox®, potage aux vermicelles et autres nouilles instantanées. On n’omettra pas, en outre, de renouveler son abonnement à la bibliothèque la plus proche, où l’on se rendra une fois par semaine afin de se dégourdir les jambes et de se ravitailler en nourritures spirituelles. Parmi ces consolations de l’âme, on aura peut-être la chance de mettre la main sur les huit volumes de Hirayasumi, l’un des mangas les plus naturellement calorifères de ces dernières années. Les pieds bien au chaud sous le kotatsu, une moque fumante à portée de main et une tartine confortablement beurrée dans l’autre, on y suivra l’ordinaire de l’indolent Hiroto et de sa jeune cousine Natchan, étudiante en art et apprentie-mangaka qu’il héberge dans sa petite maison de Tokyo. Celle-ci, héritée d’une vieille dame solitaire avec laquelle Hiroto s’était lié d’amitié, ne tarde pas à devenir le centre d’un ballet de personnages attachants et contrastés dont les préoccupations, en cet étranger familier que nous est devenu le Japon, recoupent les nôtres en bien des points. Petites joies et gros chagrins se succèdent au fil du temps qui passe, saison après saison, sur tout ce petit monde en plein affinage : Hideki, le pote un peu beauf, a un enfant et, ses ambitions mises à mal par un petit chef, retourne prendre un nouveau départ au pays… Mademoiselle Tachibana, l’agente immobilière stressée, fond peu à peu au contact chaleureux d’un Hiroto dont elle méprise et envie à la fois la bohème… Natchan et sa copine Akarin, petites provinciales complexées, prennent l’air du bureau au fur et à mesure que s’affirment leurs talents respectifs… Mais qu’importe la liste des ingrédients quand la recette est bonne : l’essentiel, c’est que rien de tout cela ne soit pas bien grave et que l’émotion soit au rendez-vous. Elle l’est, grâce au talent de feuilletonniste de Keigo Shinzo qui, après s’être fait la main sur un nombre considérable de one-shot (L’auto-école du collège Moriyama, Summer of lave...) prend avec entrain le relais du Kamakura Diary d’Akimi Yoshida dont la fin – mon dieu, six ans, déjà ! – nous avait laissés tout frissonnants, en mal de ces petits riens qui réchauffent.

Yann Fastier