Marie, 13 ans, un peu boulotte, plutôt mal dans sa peau, vit avec sa mère et sa sœur dans une petite ville du Rhode Island.

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

La première phrase du roman : « Quand j'étais en quatrième, ma soeur a été impliquée dans l'assassinat d'une jeune fille » place d’entrée le lecteur au cœur du terrible fait divers qui a bouleversé la vie de Marie et sa communauté, lui conférant le rang de témoin privilégié du drame et narratrice de l’histoire. Ainsi, si on connaît dès le début le dénouement, c’est à travers le regard de la pré-adolescente qu’on va comprendre l’enchaînement des événements.

Marie a l’œil perçant. Elle observe les moindres gestes de son aînée, Angel, 18 ans, grande, mince, blonde, populaire, qu’elle admire et à qui elle voudrait tant ressembler. Angel sort depuis trois ans avec Miles, le beau gosse de service. Contrairement à elles, il vient d’un milieu aisé, roule dans une décapotable luxueuse, organise de grandes fêtes, invite sa petite amie dans la villa au bord de mer de ses parents. Angel et Miles sont Le couple du bahut. On les envie de tant d’amour, de tant de grâce. Que deviendront-ils quand leurs études au lycée seront finies, que chacun devra choisir une fac ? Angel n’est pas dupe. Elle sait qu’elle ne pourra intégrer une précieuse université comme lui. Elle se contente du présent, profite de son bonheur. Quand Birdy s’approche trop près de Miles, que ce dernier s’accorde un faux pas avec cette concurrente, friquée elle aussi, Angel réagit, à sa façon.

On ne saura aucun détail du meurtre proprement dit, simplement que la victime a été étranglée, sa voiture abandonnée à la sortie de l’Etat. Ce n’est d’ailleurs pas là que réside l’intérêt du roman, mais bien dans sa peinture des relations qui relient les divers protagonistes. Venant de milieux sociaux très différents, dans une bourgade où tout le monde se connaît, les principaux personnages adoptent les attitudes que les normes ont fixées pour eux. Mépris, condescendance d’une part – d’autant que la mère de Marie et Angel est mère célibataire, aide-soignante, portée sur la bouteille et les rencontres sans lendemain -, envie, jalousie, colère de l’autre, les sentiments sont exacerbés à cet âge où l’on se construit à travers le jugement d’autrui.

Il manque des bouts d’histoire à Marie. Il y a des conversations qu’elle est obligée d’inventer pour reconstituer le puzzle. Il y a des choses qu’elle ne peut pas encore comprendre. Le lecteur doit lui aussi boucher les trous, remplir les blancs. A travers les yeux d’une fille encore très jeune, une sœur fascinée par la beauté et l’esprit vif de son aînée, au moins s’empêche-t-il de condamner trop durement Angel, tente-t-il de saisir le pourquoi, plutôt que s’attacher au comment.

Marianne Peyronnet