
“La poésie a, comme la vie, l'excuse de ne rien prouver.” Emil Cioran
"tu regardais les arbres près d’une station-service // devenir plus profondément verts et tu sentis une telle gratitude / pour la lumière elle expliquait la cambrure des feuilles."
"Et quand nous lâchons l’arbre nous nous / Jetons / violemment dans les bras l’un de / L’autre. J’arrête sa course et je tiens soule / Vée une mèche qui lui cachait le visage"
Ivar Ch’ Vavar, La vache d’entropie
"L’eau est à peine si tu la touches / du bout du doigt / l’eau est si plate au creux des flaques / à peine"
François Caradec, Les poésies de François Caradec
"La substance de la vie, à la saveur d’amour / Et de sel et de mort, je l’ai léchée un jour."
"Je suis né de toi de tes vertus combustibles / Dans mon cœur je porte tes lèvres / Comme des pierreries"
"le soleil recule / sous l’assaut / blanc des amandiers"
"J’agis, fer et vitesse, va-et-vient, folie, rage contenue, / Attaché à tous les rouages, je tourne des heures stupéfiantes, / Et tout l’univers grince, pétarade et se mutile en moi."
Fernando Pessoa, Passage des heures
"Maintenant reprends ta route / Et dégèle tes pensées folles. / Vois comme à l’ombre du saule / Ta vieillesse te sourit."
Nikolaï Zabolotski, Le Loup toqué
"Si l’autre jour à ta porte / Plus triste le vent est passé - / Écoute : il portait un soupir…"
Fernando Pessoa, Quatrains au goût populaire
"Je m’en vais, je te quitte, dans le soir, / qui, malgré sa tristesse, tombe si doux, / pour nous, vivants, dans la clarté cendrée"
Pier Paolo Pasolini, Les cendres de Gramsci
"Il n’y avait pas de dieu elle n’avait pas de guide / Pour s’en aller ainsi auprès de sa fenêtre / Le ciel blanc était aveugle / Le vent blanc si froid"
"Tout ce qui entre dans une autre personne / toute herbe / tous merles envolés / toutes azalées en fleur / vents salés -"
William Carlos Williams, Le Printemps et le reste
"Les passions se perdent, / sauf une peut-être : / la passion pour la perte."
Roberto Juarroz, Treizième poésie verticale
"Tu ne feras qu’un seul pas / Sur la voie de l’éternité / Si tu n’engages à corps perdu / Ta vie au charnier de l’impur"
Marcel Béalu, La voix sans nom
"On ne serait pas anges / mais égouttoir d’évier / essorant les détresses. // On ne serait pas monstre / mais pertes sans témoin / d’anfractuosités sombres."
Joseph Rouffanche, Instants de plus
"tandis que mon brave chien marron / a oublié le diable / et les cathédrales agitées de coup de feu, / en trouvant facilement l’amour / dans la rue là-dehors."
Charles Bukowski, Tempête pour les morts et les vivants
"A des gouffres ascendants coule le vent / à des golfes de folie, à des deltas d’absolu / vers des mers d’agitation, à l’éperdu il navigue"
"aujourd’hui, autre marée, même abysse, le présent / n’est qu’un adieu retardé par nos ressacs, prenons la / rouille pour témoin, aujourd’hui, autre vague…"
Jean d'Amérique, Quelques pays parmi mes plaintes
"Le soir / les ombrent leurrent // les rues sont / ce qu’elles peuvent // et les trottoirs / presque imaginaires"
Germain Tramier, Le cahier d'eau
"Votre nom s’est glissé dans le mien / comme rêver à vous dans mon sommeil / comme la sève dans le chêne, comme / feu dans la flamme ou le ciel dans un sein"
"Mon bus arrive comme prévu / c’est la fin d’un autre septembre / la guerre à venir est à la radio annoncée / nous courons tous à l’inévitable beauté de la damnation"
"Un mot que rien ne détacherait du silence, qui se / confondrait avec la respiration"
Serge Nuñez Tolin, L'immobilité et un brin d'herbe
"brrr la ventouse ! Aïe les suçoirs ! / ô mer amère ! Ô cauchemars !"
Christian Prigent, Chino fait poète
"Immenses ailes, cou et visages humains, / pattes griffues, un grand ventre emplumé ; / les arbres de soupirs étranges sont pleins."
Dante Alighieri, La divine comédie
"Je n’ai jamais vu un pain follement poétique, / Mais si j’en voyais un, je le mangerais tout entier, et la croûte aussi."
Bob Kaufman, Des solitudes peuplées d'abandon
"Et moi qui ne dors pas, qui veille en attendant l’aube, / Je voudrais un jour descendre sur le monde. / J’aurais une trompette aussi puissante que le vent."
Emanuel Carnevali, Le splendide lieu commun
"Car nous sommes / bien deux étages / d’un corps / deux mêmes / pièces / profondes"
Claire Genoux, Maison de personne
"Tous les jardins n’ont pas même espérance / Un vent narquois désole quelques-uns / Une musique amère a noyé leur solfège"
Béatrice Libert, Ecrire comme on part
"La nuit rend la fenêtre immense / Il n’y a personne / la présence sans nom m’entoure"
Octavio Paz, D'un mot à l'autre
"Rien ne redira mieux aujourd’hui la lenteur du jour / que ma veille à la fenêtre. / Je ne suis que légèrement en dehors de la vie / un être du rebord."
Jean-Luc Steinmetz, Ainsi dire
"Tes pieds je les touche dans l’ombre, tes mains dans la lumière, / et dans le vol me guident tes yeux d’aigle"
Pablo Neruda, Tes pieds je les touche dans l'ombre
"Ou c’est une autre année, plus tard, au passage / d’une saison froide, l’hiver / le ciel piqueté de mouettes qui ne crient pas – leur vol / parmi les grues, le gris"
Pascal Commère, Garder la terre en joie
"Des feuilles mortes et du sable se mélangent, et des figures / soudain se forment dans le vent brièvement suspendu."
Baptiste Gaillard, Un test de fragilité
"ivre de mémoire et de lumière / ami, tu m’absorbes en ta satiété / l’orgasme des cellules vaut bien / cette goutte d’impertinence"
Jean-Claude Leroy, Malcool-cœur sucré
"alors seulement / vous viendrez me parcourir / oiseaux lâchés du milieu des pierres / en ce lieu ouvert par mon absence."
Jean-Louis Giovannoni, Choix de poèmes
"La maudite langue maudite / qu’elle a sur elle / la langue / ne laissant qu’une bouche"
"L’obscurité nous as de nouveau mis à la dérive / sans le savoir nous étions devenus / enfants de la marée matinale / alors qu’allongés nous rêvions, la nuit / a largué nos amarres"
Geoffrey Squires, Choix de poèmes
"Grünewald, verte forêt, verte forêt de la fièvre, / où les sentiers s’enfoncent sous des arches bruissantes"
Margherita Guidacci, Le retable d'Issenheim
"Voyageur, vagabond du cœur / En route vers / un million de minuits, noirs, noirs"
Bob Kaufman, Des solitudes peuplées d'abandon
"Une chose, / qui se resserre / prise / dans la lumière hissée"
Edward Estlin Cummings, Tulipes & cheminées
"Une larme de paysage / coule, / le long du pare-brise"
Alexandre Rolla, Les pierres pouquelées
"Je ne pose pas ma femme en être de mystère, toutefois j’éprouve une incompréhension devant son intérêt pour les pigeons"
Hélène Lanscotte, Ma femme, cette animale
"Étrange maintenant de penser à toi partie sans corsets ni yeux, alors que je marche sur le trottoir ensoleillé de Greenwich Village"
"J’attends que la fille courageuse d’un martyr / S’arrête et nous jette au visage / Reprenez vos patries / Rendez-moi mon père"
Maya Abu Al-Hayyat, Robes d'intérieur et guerres
"On écrit pour se mettre bien avec les mots / pour qu’ils ne nous oublient pas"
Jean-Louis Giovannoni, Choix de poèmes
"Fleur / qui s’ouvre à moi / dans le noir / quand les fleurs ne s’ouvrent pas"
Geoffrey Squires, Choix de poèmes
"Une histoire ? Mais l’herbe est sans histoire / et pas plus la lumière, si ce n’est / celle du monde."
Pascal Commère, Garder la terre en joie
"je suis un mendiant qui toujours / mendie dans ton esprit"
Edward Estlin Cummings, Je porte ton cœur avec moi
"N’oublie pas que ton visage / me regarde en tant que peuple"
Mario Benedetti, Anthologie poétique
"C’est toujours d’un autre cœur que vit notre cœur. / Une couture palpitante / Garde nos seuils réunis."
Else Lasker-Schüler, Mes merveilles
"Je vais voler son ombre / j’en ai besoin pour apparaître / ça sert à ça, une ombre / et tant pis / s’il en meurt / la sienne est déjà vieille"
Marie Etienne, Le scribe et son théâtre
"La plupart des poèmes arrivent tard, / bien sûr : trop tard, / comme une lettre envoyée par un marin / qui arrive après qu’il s’est noyé."
Margaret Atwood, Poèmes tardifs
"Ô la tristesse des retours par les chemins de champs, la dernière alouette retombée aux chaumes, sous la voûte où déjà s’illuminait le mortel affût des Guetteurs"
"Le souvenir de cette musique précieuse / De l’émoi de l’avoir ressentie / Minute animale minute humaine"
Robert Desnos, Poèmes de minuit
"Je me suis coupé avec du verre sous l’eau. / Je conduisais à travers les étoiles. / Je coupais du bois à l’arrière."
Terrance Hayes, Sonnets américains pour mon ancien et futur assassin
"J’aime l’efficacité des gestes domestiques, leur / banalité, la simplicité dans laquelle ils nous / entraînent, le calme dont ils sont la figure."
Serge Nuñez Tolin, Les mots sont une foudre lente
"Alors je serai le rythme des paysages / la secrète abondance de cette fête"
Sophia de Mello Breyner Andresen, La nudité de la vie
"Il neige. C’est une leçon que le ciel dispense. / Un art de vivre ou de mourir. Façon de dire « c’est / bien ainsi ». la pluie qui pleure sur le carreau sa / vie brève sait mieux que la neige le chagrin."
Jean-Michel Maulpoix, Pas sur la neige
"Je crois à une politique de la beauté / elle serait devant les êtres et les choses / non pas seulement le mot juste / mais son frisson de feuillages sous l’averse"
Jean-Pierre Siméon, Politique de la beauté
"Etamine. Chevaux envolés. L’horizon / De l’ouest s’enflamme parmi les branches. Trophées."
"La voix grave des galets roulés comme miettes de falaise. / Craie délayée pour que grasseyent les vagues. / Qu’elles s’entraînent au gravissement des digues."
Jacques Darras, La mer en hiver sur les côtes de la Manche
"Le dernier chant tremble sur les terrasses / où l’ombre était soleil et ombre le soleil, / parmi les angoisses apaisées."
Cristina Campo, Le tigre absence
"Il fait très froid / à marcher dans le long vent décapé d’avril. / A cette époque de l’année il n’y a pas de soleil couchant, / rien que des mouvements dans la lumière puis un effacement / progressif."
Anne Carson, Verre, ironie et Dieu
"Parfois nous nous réveillons et tournons notre / oreiller comme pour démarrer la face B du rêve."
Eduardo Berti, L'ivresse sans fin des portes tournantes
"Qui donc dans les ordres des anges / m’entendrait si je criais ?"
Rainer Maria Rilke, Les élégies de Duino
"Pas de poème aujourd’hui, pas la queue d’un petit bout / de vers et pas d’autre bruit que le pas du soir, ce grand // paysan roux qui perd ses champs l’un après l’autre / sous les coups de boutoir du crépuscule."
"Lorsque « je pâlissais au nom de Vancouver » / et que j’étais du Nord, / trop de froid traversait ma pelisse d’hiver / et mon bonnet de bêtes mortes."
Sabine Sicaud, Rêves inachevés
"On rit, on se baise, on déjeune… / Le soir tombe : on est plus très jeune."
Les poètes fantaisistes, Une anthologie
"ils dansent dans un jardin / (herbes hautes maison murée) / éclairé par les phares du pick-up"
Sophie G. Lucas, Moujik Moujik
"On voudrait aller marcher là où sont des galets à perte de vue, accorder son pouls à la ténacité du ressac, ramasser de quoi pour les colères."
Philippe Longchamp, Dans la doublure
"il la rencontre dans le parc, ils marchent dans l’allée couverte, il commence à pleuvoir"
Jean-Marie Gleize, Trouver ici
"j’ai scruté / tout au fond du ciel / les étoiles filantes / ces connes / qui ne savent même pas / que tu existes"
Thomas Vinau, Debout dans les fleurs sales
"Regardez-moi rebondir. / Mes cheveux blonds se lèvent / à l’est puis retombent à l’ouest."
Sébastien Févry, Entre nous les proies les plus dangereuses
"Il pleut ? / c'est de l'enfance à l'acrylique"
Germain Tramier, Le cahier d'eau
"Et voici ceux qui montent et descendent les marches de Nauplie / Et qui ont pour tabac les feuilles épaisses de la nuit / Pour moustaches des buissons de thym saupoudrés d'astres / Et en place de dents, les souches, les rochers et le sel de l'Egée."
"Au gré du changement ma forme se dissipe / Mais mon esprit grandit dans sa paix esseulée. / Droiture et pureté ont une vraie substance, / la pierre à leurs côtés a moins de fermeté."
Yuanming Tao, Œuvres complètes
"Va ! Ton glas est tinté, vieux soleil qui rougeoies ; / Les Idéals sont morts, les Progrès annulés, / Et le Globe est jonché des cadavres de Joies"
Jehan Rictus, Poésies complètes
"Quand ils m'ont enfermée à clé / dans la cave // et dit de compter / lentement jusqu'à cent, // chaque nombre / s'est transformé en plume de merle noir // et toutes les ténèbres / ont chanté // à travers la serrure / de mon bec jaune"
"Et au loin sur la marée verte vers la mer / Dérivent les écorces de fruits orientaux / Étranges aux lèvres, amers et doux."
John Dos Passos, Une charette sur le bord du trottoir
"Elle ne m’aime pas et je déambule dans / la maison telle une machine à coudre / qui vient juste de finir de coudre / une crotte à un couvercle de poubelle."
Richard Brautigan, C'est tout ce que j'ai à déclarer
"Personne ne nous repétrira de terre et de limon, / personne ne bénira notre poussière. / Personne."
Paul Celan, La rose de personne
"Je vous dirai un pan de mur un gazomètre / Un cheval maigre une lessive sur un fil"
Christian Bachelin, Neige exterminatrice
"Du latin ? / Non, ça bouge trop / Du grec ? / J’en approchais la main, avec confiance, Dieu sait ! Mais ça a cherché à me mordre."
Yves Bonnefoy, Ensemble encore
"une dernière fois / le rose / se faufile dans l’herbe / avant la nuit"
Yvon Le Men, Le loup et la lune
"Corps l’écriture braille la machine aveugle et sourde malabaraise à broyer les paroles un os de rat dans le talon"
Gérard Macé, Bois dormant et autres poèmes en prose
"Je suis un crabe ponctuel je suis un courrier sans événement / mon champ est vide / pur / balayé de la moindre étoile"
Jacques Roubaud, Je suis un crabe ponctuel
"Incapable de jouer ni flûte ni violon dingue / De me coiffer pétard de revendre la mèche / De converser longtemps"
"Comme mille sacs lourds jetés, le premier matin de nos fiançailles viendrait, et l'air chaud dehors, ses allures de tireur vieilli."
Louis Adran, La nuit de Neauphles où naître
"Au matin l'homme s'éveillait pour répondre / à la beauté rageuse de la nuit."
André Frénaud, Où est mon pays ?
"Les animaux nous traversent au galop, deviennent des doigts, des mains et nous rions ensemble."
Raluca Maria Hanea, Disparition initiale
"Des mots passés par de la distance et du temps / Sont là dans une lettre que tu envoies. / Au moment de les lire je sais que tu n’es plus dans le bruit qu’ils font."
James Sacré, Une fin d'après midi continuée
"il y a des jours où j’embrasse le monde à pleine bouche, j’y mets toute ma langue, et je ne sens rien"
Ludovic Degroote, Le début des pieds
"Beauté de présence / dont on a peur qu’elle se dissipe le temps de l’écrire / mais qui une fois écrite est là à jamais"
Dominique Fourcade, Flirt avec elle
"La danseuse à présent est en train de danser / la danse de la perte de ce qui fut sien."
"S"ils en reviennent / leur bouche sera remplie de petits serpents"
Sébastien Févry, Entre nous les proies les plus dangereuses
"Voici le jour naissant / Houblon de la lumière / Le frou-frou des paupières / Et le premier passant"
René Guy Cadou, Poésie la vie entière
"L’écume fleurit / de l’éternel printemps des vagues"
"Un oiseau s’est envolé / la branche désertée retient son souffle"
Anne-Marie Beeckman, Les poings cardinaux
"je brûlerai toutes les plaies / tombées de haut / plumes dérobées aux averses"
Françoise Lison-Leroy, Les éjointés
"Prague aux cent tours / Aux doigts de Toussaint / Aux doigts de faux serments / Aux doigts de feu et de gruau"
Vitezslav Nezval, Prague aux doigts de pluie
"Ruisseau, nous paraissons avoir un même sort / D'un cours précipité nous allons l'un et l'autre, / Vous à la mer, nous à la mort."
Antoinette Des Houlières, De rose alors ne reste que l'épine
"A notre place / On a posé / des soldats frais / Pour amorcer / La mort d'en face."
Charles Vildrac, Chants du désespéré
"Ce sont les morts qui écrivent dans mes doigts."
Charles Pennequin, Petite bande
"Et transporter. Transpercer. Je mange avec la tête. Et la cuillère existe."
"Pour ce que ça sert. Additions soustractions je dis pas. Ça peut être utile. Il y a toujours de la paperasse. Pour le reste, j’ai la calculette."
Grégoire Damon, Un peu plus ample un peu moins moche
"enveloppe / branche / cellule / oreille / rivière"
"tu choisis des plats sur la carte des menus / et d’un seul coup ce sont des poèmes tristes / qui te donnent l’air d’un Cavalier King Charles"
"Le reste restant à fredonner / sans risque de principe. Et puis plus rien tu sais. un pli / à saisir en puissance."
Suf Marenda, Jours de manif à L.A.
"Baiser / l’ultime esquive / du coquillage"
"La peau se poussière / la chair s’émiette / et le souffle, frêle"
"Ployé de rêve, loin, plus loin / en recul stellaire dans le souvenir, en-allé en eau de sommeil"
Nelly Sachs, Exode et métamorphoses
"Comment vivrais-tu si le monde / était une forêt de clowns hydrocéphales ?"
"J'ai pris ta couleur et je vis sur ton écorce, invisible, immobile, dans la peur d'être reconnue"
Alphonsina Storni, Poèmes d'amour
"A l'arrivée d'une tempête, j'ai, de ma fenêtre, l'impression que le rideau va se lever sur une pièce d'Eschyle"
"Encore davantage, oh oui / On peut se taire encore davantage"
Forugh Farrokhzad, Une autre naissance
"Du vin blanc de Cassis, du pain craquant, des huîtres / Les œuvres de Whitman / Un voilier laissant lire à la brume des vitres / Le nom de Rotterdam."
Louis Brauquier, Je connais des îles lointaines
"Cette fois encore, je répliquerai aux jours du monde, je dirais la tôle coriace qui pelote sur la fatigue"
"Dans la première pièce / le plafond est un sol lointain / qui a le jour pour regret"
"vous parlez de fenêtres et je parle d’oiseau / l’écart est grand quand l’œil se pose après le vol"
Pierre Debauche, La danse immobile
"Tout part en papillon, qui a pris mille belles figures et revient dans une prose nouée, laboureuse et laborieuse et lourde comme mon joug"
Jean-Pascal Dubost, Monstres morts
"la graisse est devenue mon jardin potager / J'y déambule à mon loisir, je m'y endors et je m'y traîne…"
Bernard Dimay, Je ne dirai pas tout
"Enfonce-toi dans l'inconnu qui creuse / Oblige-toi à tournoyer"
"Vous refaisiez le monde d'un coup d'aile / L'envers et l'endroit de l'orage"
Françoise Lison-Leroy, Le silence a grandi
"Des mains / qui avaient appris à lire / l'alphabet des flammes"
Yvon Le Men, A louer chambre vide pour personne seule
"Jette une pierre dans le lac / pour éveiller son gouffre"
Laurent Albarracin, L'herbier lunatique
"Tout gosse j'avais déjà des vers dans mes selles. Déjà poète ! Déjà chiant !"
Jean L'Anselme, Con comme la lune
"Tu es pareille à toi, / Tu es une louve hagarde / Et si sûre de son poil & si sûre / De sa course"
Pierre Peuchmaurd, Bûcher de scève
"En plus du rien / On m'a donné / Un port / Avec des navires"
Hélène Cadou, Si nous allions vers les plages
"Comme on coupe son whisky avec de l'eau / Je ne saurais couper les mots avec du sens"
Ryuichi Tamura, En décomptant à partir de 10
"Le présent ? Mais il se dérobe à peine nommé"
Marie-Claire Bancquart, Mot de passe
"lisant / (poètes japonais / bashô / issa) / levant / les yeux / instantané / l'enfant / effacé dans le / blanc"
"Le bonheur est de grâce incertaine"
Michèle Cavalleri, A contre-jour
"l'enfant le jeu / germains du songe"
Joseph Rouffanche, En laisse d'infini
"Il a le rire comme un chiffon à resservir"
Michèle Cavalleri, A contre-jour
"ce n'est que plus tard / qu'il te faut être jeune"
William Stanley Mervin, Un temps au jardin
"lorsque tu auras nommé le rien / le presque rien / le silence comme la seule chose qui s'entende"